COMITY

The journey is over now // nextclues.com

Ça doit faire un peu plus de dix ans que j’entends parler – majoritairement en bien, ce qui n’est pas gagné quand on a des amis qui sont tous, sans exception, des langues de putes – de ce groupe hardcore de Paris, Comity. Alors que l’on est apparemment en 2012, j’écoute pour la première fois un de leurs disques. Si j’avais su que c’était aussi bon (ou encore meilleur) que ce que l’on en disait, je m’y serais mis un peu plus tôt. Tout est monstrueux sur The Journey Is Over Now. Avant d’appuyer sur la flèche qui signifie lecture, lorsque l’on s’aperçoit que l’album est découpé en quatre longs tronçons sans titre, on peut craindre le fameux disque post-hardcore monolithique, épique, ambitieux, redondant et prévisible, qui assomme sur la durée, alors que le tour de force de Comity a justement consisté à faire le contraire. Remballe tes bâillements, on est en route pour quelque chose de spécial, qui fait un peu mieux que renverser des croix ne tenant déjà plus debout.

Difficile de faire un disque (de hxc) aussi varié, qui prend tous les chemins possibles, les détours comme les raccourcis, qui permute les ambiances sans cesse, qui trace ou qui s’éternise, qui tabasse puis place des plans mélodiques, quasi rock’n'roll par instants, et qui achève le pauvre auditeur avec des bourrasques hardcore sorties de je sais pas encore où. Damn. Une éternité que j’avais pas écouté un disque aussi riche, technique et exigeant, et en même temps spontané, droit dans la face, subtil, ultra violent, apaisant* et captivant. Comity a tout mis, et pas n’importe comment. Les enchaînements entre les parties rentre-dedans et les passages plus atmosphériques sont grandioses. La batterie est monumentale. Les guitares, fabuleuses, passent sans prévenir du gros riff qui décapite à des plans acoustiques qui me font me rappeler que Niko Werner, d’Oxbow, a raison d’insister sur le fait qu’avec une guitare acoustique (ou au lap steel), on peut atteindre la même puissance de feu qu’avec de l’électricité au cul plus douze pédales de saturation en série, branchées sur un ampli réglé sur 11. Comity a d’ailleurs un petit côté Oxbow, sur ces passages calmes – ainsi que sur les parties en slide, cette régalade ! Lors du matraquage en règle, c’est tout ce qu’on peut imaginer de mieux : Neurosis, Today Is The Day, Keelhaul (la pochette nautique m’a fait penser à celle de Subject To Change Without Notice au premier coup d’œil), Dillinger Escape Plan du premier album, ou alors Tantrum et Spinning Heads, groupes qui ont partagé l’affiche plus d’une fois avec Comity. 75 écoutes plus tard, je sais que je découvrirai encore des plans killers dans cet album. On peut certainement parler de musique pour musiciens, de band’s band, parce que Comity est complexe, n’arrondit jamais les angles et qu’il y a parmi cette somme incalculable de plans démoniaques certains qu’ils resteront seuls à capter, mais putain, quel trip, ce Journey Is Over Now ! Tout y est parfait : le son, l’énergie déployée, le jeu des quatre types, la mise en place, les voix féroces, les voix pas féroces, les successions de changements d’ambiances, loin de l’habituel montées/descentes/montées/descentes/ennui au tournant, les variations de tempo, les perturbations électroniques, les relances… tout, je te dis, tout ! Elle est belle, leur salade, elle est belle !

The Journey Is Over Now est un disque qui s’écoute d’un trait, et qui s’écoute pour de vrai, en laissant tomber ce que l’on fait à côté, en s’y foutant dedans pour de bon afin de mieux recevoir la grosse fessée. Impressionnant. Pour ne rien gâcher, il est en téléchargement gratuit sur bandcamp. Donnez-leur la petite pièce. Mieux encore, achetez-leur un disque.

* ok, j’ai quand même rigolé un bon coup quand est arrivé le sitar. Tu te crois dans Prohibition ?

(10/10)

{Bil}

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