COMITY

The journey is over now // metalsickness.com

Bon.

Un moment il faut bien s’y coller et vous parler de cet ovni : « The Journey Is Over Now. » de Comity. Les Parigots nous ont bien habitué à la prise de tête maximum par le passé avec des disques plus botchiens que Botch, des longs titres de math-core extrême qui laissaient parfois perplexes, mais avec ce dernier disque, on a clairement franchi la barrière entre le rock’n roll et… autre chose. Difficile de rapprocher Comity aujourd’hui d’un autre groupe tant il semble s’être affranchi de toute tutelle pour ne plus renvoyer finalement qu’à ses propres albums antérieurs, ici transcendés.

« The Journey Is Over Now » compte quatre titres pour un peu plus de cinquante minutes, c’est le troisième véritable album du groupe fondé en 1996. Seize ans, trois albums, pas stakhanovistes les mecs, vous diriez-nous, mais vous vous goureriez quand même pas mal car en équivalent-créativité, chacun de leur LP vaut environ cinquante skeuds de Dagoba (on vous rappelle que la moyenne est de vingt-trois).

Touffue, complexe, déconstruite à l’extrême, la musique de Comity n’a finalement que peu de points communs avec les musiques qu’on a l’habitude de pourrir dans ses pages : il y a la distorsion, le combo hurlements/guitares/basse/batterie, mais sorti de là les repères se floutent. Sans le recul de quelques écoutes, on reste un peu perplexe face à ce « truc » qui peine à nous filer un riff concret à boulotter ou une quelconque mélodie à suivre, on galère.

On galère et pourtant, après quelques séances, un truc pointe et vous chatouille les tripes… ça s’écoute d’une autre manière en fait, pas comme un album de Black Sabbath ou même de Botch, plutôt comme une improvisation de Marc Ribot, ce guitariste complètement barré qui accompagne parfois Tom Waits sur ses disques, perpétuellement à la recherche du n’imp’ dans sa définition la plus rigoureuse, aller chercher la faille sur l’instrument, faire chier les gens… tout ça. Quatre Marc Ribot qui jouent du hardcore, c’est à peu près ça, ou alors une transcription musicale du « Festin Nu » de Burroughs, où le fil conducteur se dissout dans des hallucinations pour ne faire surface qu’à de rares reprises et qu’au final, on ne pige plus rien, mais qu’on accepte de lâcher prise et de se laisser porter.

Ampoulé donc, carrément intellectuel et free noise dans l’esprit, « The Journey Is Over Now. » n’est pas le skeud favoris de vos barbecues metal, mais plutôt quelque chose à écouter dans un moment de craquage solitaire pour explorer sa grande portée émotionnelle. Tour à tour flippé, codéïné, en mode B52 ou psychédélique, l’album révèle sa palette d’émotions au fur et à mesure d’écoutes concentrées. Plaira ? Plaira pas ?

Plaira pas, car on peut difficilement faire mieux comme suicide commercial ! Long, incompréhensible, violent sans être accrocheur, tout en start/stop et à revers… ce disque à tout pour se mettre à dos un sacré paquet de gens ; à l’image d’un Circle Takes The Square, Comity semble réservé à un auditoire restreint et érudit qui trouve son plaisir dans les recoins les plus déglingués de sa cervelle. Du geekcore !

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